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France

Femmes et Mobilités Urbaines - Bordeaux Métropole

CHEVRE Antoine

Transport Team Leader

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FEMMES ET MOBILITÉS URBAINES Analyse des bonnes pratiques de la ville durable sous l’angle des inégalités entre les femmes et les hommes Vélo, marche et covoiturage Bordeaux Métropole

Analyse des bonnes pratiques de la ville durable sous l’angle des inégalités entre les femmes et les hommes

Quels effets la ville durable a-t elle (ou pas) sur la réduction des inégalités entre les femmes et les hommes ?

Ce document tente de répondre à cette question en explorant de façon pragmatique, et du point de vue des femmes de la métropole bordelaise, trois pratiques phares des nouvelles mobilités urbaines, le vélo, la marche à pied, le covoiturage. Ces pratiques sont censées réduire le tout voiture et ses conséquences néfastes (embouteillages, accidents, mauvaise qualité de l’air, impacts négatifs sur la santé et la sociabilité). Les résultats sont obtenus en croisant trois type de données: observations et comptages de terrain, résultats statistiques d’enquêtes en ligne, entretiens de groupes.

Le vélo

La pratique du vélo en ville reste plus faible chez les femmes (38% des cyclistes). Cette proportion a peu évolué entre 2013 et 2017, malgré une augmentation globale de trafic de 40% (en 2017 7% de part modale sur la métropole, 15% sur la ville de Bordeaux). Les femmes utilisent le vélo en plus grand nombre en fin d’après-midi (débauche, courses, sorties d’école) alors que les hommes sont plus nombreux aux heures correspondant aux loisirs (soirées, dimanche après-midi). Elles sont plus chargées (bagages, sacs de courses, vestes, parapluies) et mieux équipées pour le transport (porte-bagages enfant, sacoches, paniers, remorques, vélos cargos). Elles conduisent plus prudemment, moins sportivement et sans performance démonstrative. Les hommes favorisent le sac à dos. Ils sont deux fois plus nombreux à ne rien transporter et trois fois moins nombreux à avoir un porte-bébé. Les avantages du vélo sont pour elles la gestion de leur temps et de leur corps (pas de promiscuité), une activité physique, des économies et une attitude responsable face aux questions d’environnement. Les inconvénients: elles sont chargées, accompagnent leurs enfants à l’école et aux activités, ont davantage peur de la chute et de l’accident, se sentent en insécurité la nuit. Pour toutes ces raisons elles préconisent des pistes cyclables en site propre et éclairées, des arceaux et des garages à vélo au domicile, à l’école et au travail, de la signalétique, des aides pour les vélos électriques. Elles souhaitent que les enfants apprennent à faire du vélo en ville et des ateliers de remise en selle pour celles qui en ont perdu l’habitude. Lutter contre les incivilités et les agressions, en particulier venant des hommes et la nuit, fait partie des actions nécessaires si l’on veut rattraper le niveau des pratiques masculines.

La marche à pied

Les comptages réalisés font apparaître une égalité numérique entre femmes et hommes dans l’accès à pied de l’espace public. Des différences importantes apparaissent cependant selon les quartiers et selon l’heure. La proportion de femmes le jour varie de 28% (Cours de la Marne) à 59% (rue Porte-Dijeaux). La nuit elles sont moins de 10% à marcher seules (37% le jour), toutes rues et quartiers confondus. Dans la journée, l’enquête relève en premier l’inconfort de la ville pour les femmes (circulation avec enfants, fatigue, propreté, toilettes publiques) en second le sentiment d’insécurité (harcèlement de rue). Les femmes adoptent des vêtements qui dissimulent plus ou moins leur corps selon l’heure et la rue. Les entretiens et questions ouvertes reflètent ce sentiment d’insécurité, partagé par toutes les femmes, en particulier la nuit. Les préconisations : améliorer la sécurité des traversées, élargir les trottoirs (pour pouvoir se croiser, marcher avec une poussette ou circuler 5Vélo, marche et covoiturage, CESSED, 2018.en fauteuil roulant), augmenter la signalétique, éviter le partage des voies piétonnes avec les cyclistes. Et surtout agir contre le sentiment d’insécurité en aménageant la ville la nuit (éclairage, mobilier urbain) et par une éducation au respect des femmes (lutte contre le sexisme, la misogynie, le harcèlement dans les espaces publics).

Le covoiturage

De manière générale femmes et hommes pratiquent peu le covoiturage dans les circulations à l’intérieur de la métropole ou pendulaires (habitants de la périphérie travaillant à Bordeaux). La mise en place de 86 aires de covoiturage et d’une plate-forme de mise en relation des usagers sur le département de la Gironde anticipe sur une pratique en développement. Les covoitureuses ont moins de 45 ans, et appartiennent plutôt aux classes moyennes et supérieures. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à pratiquer le covoiturage de temps en temps (trajets extérieurs type blablacar), plus nombreuses à être inscrites sur les plateformes en ligne (Transgironde, Boggi) et un peu moins nombreuses à le pratiquer tous les jours. L’autopartage fonctionne bien si on habite en centre-ville, et si on l’utilise de façon occasionnelle. Avoir une voiture en ville devient cher, ces solutions vont donc se développer de façon obligatoire. Les femmes qui font du covoiturage régulier viennent de loin (Bazadais, Arcachonnais, Entre-deux-Mers). La complexité des trajets (travail, courses, accompagnement des enfants) est le premier empêchement nommé. Le sentiment d’insécurité et la crainte de tomber sur des covoitureurs indélicats sont cités comme des inconforts mais ne sont pas dissuasifs. Accompagner des enfants ou des personnes âgées ou dépendantes, n’est-ce pas du covoiturage ? Dans ce cas, il faudrait l’intégrer dans les statistiques. Les préconisations: reconnaître et faciliter le covoiturage avec des enfants et des personnes âgées ou vulnérables. Étudier et développer une offre spécifique (covoiturage, autopartage) pour les habitants de la proche couronne. Étudier et développer l’auto stop organisé et sécurisé aux arrêts de transports en commun.

FEMMES ET MOBILITE URBAINE
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